Monsieur Louvier a été diagnostiqué schizophrène il y a dix ans. À tort.
Guidé par un nouveau psychiatre, il va prendre connaissance de son passé et de ses secrets enterrés.
C’est l’histoire d’un homme qui cesse de passer à côté de sa vie en mettant à jour un traumatisme d’enfance.
De la difficile quête de vérité qu’il entreprend, il restitue la douleur, mais aussi l’infinie lumière.
Sur scène, Benoit Giros est seul. Il prend la voix des trois figures, celle de l’auteur, le narrateur. Celle de réparateur, celui qui enquête. Et celle de la tragédie, la fissure humaine, figure d’humilié, cassé, qui veut ramasser les morceaux. Un cadre noir, un espace de réflexion, d’intelligence laissée aux autres, confiance totale, faite aux spectateurs qui entendent et suivent tout, comprennent à leur tour, les cauchemars, les motifs des angoisses, l’horreur d’exister de Louvier. Peu d’effets, pas de vidéo, peu d’ajouts. On veut entendre les voix concordantes ou opposées des trois entités, les entendre totalement, nettement. Et conduire ensemble, spectateurs et artistes, le sujet de Denis Lachaud vers une certaine lumière, la paix avec soi-même, la compréhension de ce qu’il est, alors qu’il en a été empêché si longtemps, par le monde, la société, le milieu scolaire puis médical, professionnel et psychiatrique, et surtout un oncle, qu’il aurait préféré oublier tout à fait. Nous aussi.
Denis Lachaud est écrivain, metteur en scène et comédien. Il a publié huit romans et sept pièces de théâtre aux éditions Actes Sud. Son dernier roman, Les Métèques, est paru en mars 2019. Il a également publié un roman aux Editions du Chemin de fer, L’Homme inépuisable, illustré par Ulrika Byttner. La pièce Jubiler est parue en janvier 2021 chez Esse Que Éditions.
Ses textes ont fait l’objet de propositions scéniques de la part de Pierre Notte, Jean-Philippe Naas, Vincent Dussart, Thomas Condemine, Arthur Nauzyciel, Vincent Rafis, Bruno Lajara, Francisco Alves (Portugal), Maria Zachenska (Slovaquie)...
En 2019, il a créé Xamûma fane lay dem/Je ne sais pas où je vais, duo avec le chorégraphe Amala Dianor, pour le festival Concordan(s)e.
Il est membre du collectif La Forge, au sein duquel il a co-écrit cinq ouvrages. Le dernier, Un Bord de monde, paraîtra en 2021 aux Éditions Helvétius.
Pierre Notte, auteur et metteur en scène, fonde sa première compagnie en 1992. Il monte La Ronde de Schnitzler, puis ses propres textes, La Maman de Victor, L’Ennui d’Alice devant les arbres. Il devient animateur dans un centre de loisirs, journaliste, écrivain, pédagogue. Il intervient dans les collèges et les lycées, puis fonde sa compagnie, Les Gens qui tombent, en 2011. Il met en scène ses textes, Sortir de sa mère, La Chair des tristes culs avec le soutien de la Drac Île-de-France, C’est Noël tant pis ou Sur les cendres en avant. Le propos est toujours en lien avec le foyer, premier cercle social, ses guerres intestines, ses champs de ruines. Ses pièces et mises en scène interrogent la place de l’individu singulier, différent, au sein d’un groupe dont il veut s’échapper, tribu, famille, voisinage, monde professionnel. Dès ses premières pièces, Pierre Notte dresse des portraits de femmes révoltées, condamnées à un monde dirigé par les hommes, raconté et dominé par eux. Moi aussi je suis Catherine Deneuve, premier succès rencontré par l’auteur, explorait quatre crises profondes d’identités, la mère, ses deux filles et un fils muet. Récemment, en 2020, il a écrit et mis en scène La Reine de la piste, autour des chansons d’Helena Noguerra, création au CDN de Caen et au Théâtre de la Ville, portrait d’une femme assassinée. Il met en scène La magie lente et Jubiler de Denis Lachaud pour L’idée du Nord / Benoit Giros Il a écrit, mis en scène et interprété L’Effort d’être spectateur, son essai et hommage au théâtre et à son public, créé au Théâtre des Halles à Avignon, repris en coréalisation au Théâtre du Rond-Point dont il est auteur associé depuis dix ans. Aujourd’hui, il joue, écrit et met en scène Je te pardonne Harvey Weinstein au théâtre du Rond-Point.
Violé, ce sera le dernier mot de ce spectacle saisissant qui plonge en eau profonde pour tenter de comprendre ce qui fait qu’un homme est un homme. Sur les sièges, personne ne bouge. cette écoute absolue, très rare est le signe que quelque chose se passe qui sort de l’ordinaire.
Insoutenable, cette pièce ne l’est pas mais presque. D’une force et d’une violence rare. (...) Elle est hurlante de vérité. Son interprète la sert avec une innocence étonnée.
Dans ce double emploi sans artifice autre qu’une posture ou un changement de lumière, le comédien est remarquable. Le récit est pertinent et percutant. La parole libératrice est maîtrisée.
Entre folie, colère et angoisse, Benoit Giros, seul en scène, nous embarque pour ce voyage au bout de la nuit, au terme duquel la vérité sera arrivé à la surface. Bouleversant.
Éclairant parfaitement cette avancée de la parole, la mise en scène de Pierre Notte laisse toute sa place aux mots. Du divan au plateau, du patient en dialogue avec son analyste à l’acteur en dialogue avec le public, c’est une parole agissante qui est mise en lumière, dans sa crudité extrême, son entêtement, ses douleurs, sa puissance et son impuissance entremêlées. Il est très difficile de porter une telle parole, seul, face au public. Benoit Giros parvient à donner vie à cette épreuve de manière impressionnante, à l’endroit intérieur de cette souffrance écrasante qui se révèle, jusqu’à laisser place à un possible dépassement. Une pièce rigoureuse, dense, juste, qui rappelle que chaque année en France des milliers d’enfants sont victimes de viol, la plupart du temps dans un environnement familial. Et beaucoup se taisent.
Le processus analytique décortiqué dans un spectacle uppercut Attention, si ce monologue ne présente aucune scène choc, aucune image pouvant heurter la sensibilité des spectateurs, la parole et le récit de vie qui en découle ne laissent pas indemne qui l’écoute. “La Magie lente” est un spectacle douloureux qui pétrifie par ce qu’il énonce et subjugue par son minimalisme et la force de frappe qui en résulte. Benoit Giros s’y révèle comédien d’exception.
Les dits du théâtre Pierre Notte met en scène La Magie Lente, pièce de Denis Lachaud. Un Texte Au Fin Fond de la douleur intime d’un enfant puis d’un homme. Avec une parole qui, d’un mot à l’autre, va de la sodomie au viol. Benoît Giros, dans le rôle du patient Louvier, est sidérant de vérité.